EXPOSITIONS

1986

Diplôme de l’école nationale supérieure des arts décoratifs de Paris

1991

Salon “Decouvertes”, Grand Palais, Paris, Galerie Claude-Bernard

1994

Exposition personnelle chez Françoise Sagan, Paris

1997

Exposition “Animal”, Musée d’Argentan

1999

Exposition “Animal”, Musée Bourdelle, Paris

2003-2010

Galerie Prodromus, Paris

2011

Galerie Born Darss avec Josquin Pouillon

2012

Galerie Born Berlin

2013

Art Karlsruhe, Art Fair Köln, Galerie Born Darss

2014

Art Karlsruhe

2019

Galerie Born Darss avec Klaus Hack

GRÉGOIRE HESPEL


« But you know landscape is my mistress... »*

La peinture est une averse, shooter dit l’anglais, une ondée. J’aime ce mot désuet. Il est incongru, un peu flou comme cette toile, tachée de pluie. La peinture est une averse, elle surprend ; elle apparaît, elle est là, tout à coup inévitable. Ici, sur les toiles, elle crépite doucement sur les lames de l’herbe, sur les talus entre les mottes de terre grasse. Audible, invisible. Peinture pluie. On l’entend, on la perçoit, on la touche d’abord, avant de la voir. La peinture n’est pas la toile. Elle est plus grande, plus loin. Là, à côté, en nous. En toi, en elle. Elle tâche, c’est le moins, celui qui la traverse, mouillant la paume, les doigts, les joues de pigments détrempés. La peinture, cette peinture de Grégoire Hespel tire son magnétisme de cette météo changeante qui compromet le spectateur à son insu et l’entraîne. Quels que soient le format des tableaux, on suit sans réfléchir l’invitation qui nous est faite. On répond à l’instant à cette affabilité apparente. On va. Le pas fait, le brouillard nous entoure, estompant l’entrée : on est dehors. Tachée, oui, la toile est comme une lettre d’amour laissée sous la pluie. Les lointains semblaient proches mais chaque tableau les repousse un peu plus loin. Le pinceau c’est le vent. Tout se passe dans les touches à bords tremblés. Peinture fougueuse mais patiente qui va, revient. Elle lève les épaisseurs d’air mouillé, essore la pluie pour mieux y retremper la couleur. Larmes terre de Sienne, vert, noir, bruns des souches, argiles jaunes. Le peintre peint à même la rétine, à plein vent, la feuille, tenue d’une main, claque aux rafales qui bondissent comme des chiens. Que de précieuses indécisions annotées ainsi les unes à cotés des autres, les unes sur les autres et qui finissent par faire naître le monde visible. La peinture est toujours plus grande que le paysage. Il faudrait aller là, ou là, dans la suivante. Donnez moi ce pont ou ce ciel... « Lady Morley est venue hier. Elle s’est écriée en voyant la House : « Comme c’est frais, comme c’est humide de rosée, comme cela anime et rend joyeux ! » Je lui ai dit que la moitié de ce qu’elle venait de dire, si je pouvais penser le mériter, valait toutes les paroles et tout le jargon sur les tableaux dans le monde. »

(John Constable, lettre à Charles Robert Leslie)

Qu’on se le dise.



Didier Goldschmidt. Février 2011